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Le bon vocabulaire
Au pays des technocrates, le brouhaha est roi... Et l'agitation apparente, plutôt bien notée. Qui n'a jamais rencontré au bureau un collaborateur passé maître dans l'art de ne rien faire, tout en ayant l'air débordé ? Ce qu'il doit abattre comme travail ! Mais comment fait-il pour tenir ce rythme ?
Quand on ajoute à ce talent l'art de savoir parler selon les codes en vigueur, alors l'intériorisation de l'idéologie dominante est totale et tout le monde est enfumé, mais content. Du "cycle de l'amélioration continue" à la "spirale vertueuse de l'organisation matricielle qui permettra de mieux cerner les bassins de croissance tout en améliorant les poches de productivité", la liste est longue de ces mots et concepts dont on se gargarise. Ils nous rassurent, nous donnent le sentiment d'appartenir au groupe des initiés, et donc d'être dans le bon wagon, celui de tête.
Certains aiment aussi injecter à tout bout de champ des termes anglais (pour le cas où il resterait un doute sur le fait qu'ils le parlent couramment), d'autres préfèrent les acronymes, et les derniers de contentent d'acquiescer ou se montrent parfois un peu sceptiques mais jamais opposés !
Partager ces codes et les relayer doit sûrement donner une illusion de compétence et de maîtrise des sujets. Mais cela évite surtout d'aller explorer ailleurs et de se poser trop de questions. Super !
photo Valentin Logne
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