« Untel a dit… »

Le coup de la citation, c'est devenu insupportable. Un peu comme la branche de thym dans la salade de tomate: présente à toutes les sauces, même quand elle n'apporte rien. C'est l'ingrédient obligé de tout discours officiel et de toute présentation. Autrefois, on finissait sur une citation, histoire de montrer que l'on savait prendre de la hauteur et que le sujet que l'on venait de traiter était tellement d'importance que tel ou tel grand personnage l'avait également abordé. Depuis quelques années, on utilise la citation en introduction, pour planter d'emblée le décors et la profondeur de ce qui va suivre. c'est ainsi que Pierre Dac et La Rochefoucauld sont devenus des "marqueurs" de pertinence. Quelle tartufferie !

En alignant les citations, on pourrait réconcilier tous les antagonismes, tant on a déjà dit tout et son contraire. Pourtant, au-delà du coté pratique qui permet d'illustrer n'importe quel propos, on continue à leur donner du crédit, comme si le fait d'avoir été prononcée par un personnage célèbre donnait à la formule une puissance supérieure...

Pourquoi ne pas revenir a des arguments simples et à une communication moins prétentieuse pour que la forme perde un peu de son importance? Même si tout le monde n'a pas le sens inné de la synthèse, cela nous obligera à prêter davantage attention à ce qui se dit, à écouter pour mieux discerner, et finalement à être moins passif. Ce sera éventuellement un effort supplémentaire, ou pas. Puisque comme l'a dit Boileau: "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement".